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Le baiser (prologue)

 

Un beau matin, comme ça pour rien,

Ma mère s'est enfuie,

Emportant sous son bras cinq bambins,

Comme ça sans un bruit.

 

Seul, au milieu du couloir immobile,

Je regardais la porte,

Seul sans crier et tranquille

Attendant qu'elle m'emporte.

 

Un beau matin, comme ça pour rien

Ma mère est rentrée,

Ramenant sous ses bras cinq bambins,

Mais ne m'a pas embrassé.

Le baiser (2)

 

Un beau matin, comme ça pour rien,

Ma mère m'a frappé,

Mais pas avec ses poings, ni avec ses pieds, non !

Juste avec un baiser.

Un baiser innocent, un baiser opportun,

Sur mes lèvres du sang,

Un baiser haletant, un baiser si soudain,

Mais un baiser absent.

Un beau matin, comme ça, pour rien,

Le malheur a frappé !

N'arrivant jamais seul, comme on sait,

J'étais accompagné.

 

Tous les matins,

Comme ça pour rien,

Une larme coulait.

Pas une larme de joie, ce n’était pas mon œil,

Mais mon cœur qui pleurait.

Le baiser (3)

 

Mère, qui me ronge le cœur, qui es-tu ?

Toi, dont la vie ne fût que labeur,

Mère, qui me donna la vie, qui tues-tu ?

 

Sinon un fils et ses frayeurs,

Sinon un fils qui n'en peut plus.

 

Pourquoi me faire regretter chaque jour,

Ce que tu fis, peut-être, avec amour ?

Depuis aucun signe, aucun geste,

Rien à me faire partager, que des restes,

Rien à me donner comme toujours.

 

Plus dangereuse qu'un serpent, venimeuse,

Chacune de tes attaques m'a tellement affaibli,

Ragaillardi par la haine mais, ma vie infectieuse,

S’échappe doucement de blessures non guéries,

S'efface doucement, vers une fin malheureuse.

Le baiser (4)

Je suis sourd et aveugle,

Et tu as beau crier

Ce n'est pas en pleurant qu'on apprend à t'aimer.

Une partie de mon âme

M'a quitté ce jour-là.

C’était un beau matin,

Où tu ne m'aimais pas.

Un jour comme les autres en somme,

Un matin comme les autres, sans homme.

 

Le corps chétif et pâle

Je reçu une volée.

Ma couche était fort sale

Je l'avais mérité.

Il était très tôt cette nuit-là,

Pas assez, pour se faire détester.

Je suis sale et petit

Vas-tu donc me tuer ?

Est-ce pour cette tare, que tu veux me briser ?

Ta main vole dans les airs,

Tel un couperet,

Comme une poigne de fer.

Dans ton regard, ma mort !

C’était un beau matin, qui n'avait l'air de rien,

Le contact de nos corps, mon sang rouge sur tes mains.

 

Ce matin-là, j’étais fort sale,

Très sale, pour un enfant.

Ce n’était jamais le bon moment

De te demander d’être parent.

J’avais le don de t’énerver

Aussi, celui de te calmer,

Lorsque le matin, en colère,

Tu reniais ton rôle de mère.

 

Comme il est si dur de t'aimer…

Chaque jour te rappelles tu ce passé ?

Quelle souffrance quand un enfant naît,

Car dans mon cœur point de colère

Même lorsque tu reniais ton rôle de mère.

Et lorsque ta rage l'emportait,

Sur toutes tes raisons de m'aimer.

Depuis ce temps, bien des choses ont changé,

Cette haine qu'on pensait passagère,

Cette haine qui t’habitait, Mère,

Cette haine tu me l'as légué,

 

Comme il est si dur de t'aimer.

Le baiser (épilogue)

 

Comme ils sont doux tes baisers,

Ils me rappellent ce dur passé,

Où lorsqu'enfant je revoyais,

Ma mère, qui jamais ne m'embrassait.

 

Comme ils sont doux tes baisers,

Ils me rappellent ce dur passé,

Où lorsqu'enfant je rêvais,

De tes mains sur ma gorge se nouaient.

 

Comme ils sont doux tes baisers,

Ils me font mal comme ce passé,

Qui ressurgit au bon moment,

Où je vais être débarrassé.

 

Comme ils sont doux tes baisers,

Qu’hélas jamais je ne ressens,

Sur ce petit corps d'enfant,

Que tu as tant détesté.

 

Comme je déteste tes baisers,

Qu’en fait jamais tu n'as aimé,

Me donné avec tant de plaisir,

Que le jour où je suis né,

Pour détruire ton beau sourire.

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